Suite au naufrage [Libre]

Tout avait été flou. Elle se souvenait des tirs de canons, le bruit des croisement de fers, les hurlements des morts ainsi que ceux des combatants. Elle s'était battue elle aussi. Elle avait donné du mieux qu'elle avait pu, comme toujours. Mais cette fois, c'était peine perdue. Ils les avaient pris par surprise, avait joué d'une meilleure tactique. Ils avaient été pris comme des bleus. Beaucoup d'entre eux avaient choisis de finir à l'eau plutôt que de se faire prendre. Cela avait le cas pour Gabrielle, même si ces chances de survie devenaient dès lors réduites. Mais c'était toujours mieux que le pendaison.

"Il ne faux jamais se rendre quand on a une échapatoire et un minimum de chances de s'en sortir.
Se rendre et choisir la corde, c'est finir sa vie en lâche marin et pas en véritable pirate."

C'était les paroles du vieillard, cet homme qui avait fait de Gabrielle ce qu'elle était devenue maintenant. Une pirate rebelle au caractère dur et froid. Il les répétait toujours en cesse. Il l'avait fait avant de faire le grand plongeon avec elle. Elle avait pu se raccrocher à un mat. Lui, elle ignorait où il était. Elle s'était plutôt occupée à garder la tête sous l'eau le plus longtemps possible pour éviter les tirs des anglais sur les naufragés. Elle avait repris sa prise, regardant le vaiseau anglais s'éloigner. Une fois la nuit tombée, c'était la fatigue qui vint la surbmerger. Et après ? Elle ne savait plus...

Gabrielle se tenait droite près de la taverne de la ville. Elle fixait d'un regard noir les gens qui entrait, sortait, se baladait devant elle. Cette vie dans la ville semblait être un poison pour elle. C'était trop de quotidien, trop de même chose, pas assez d'actions. C'était le 4e jour après sa dérivation au port. Elle avait pu reprendre des forces, retrouvé des gens de l'ancienne équipage ainsi que le vieillard, mons compétent qu'avant cependant. Sa petite bête avait survécue elle-aussi, cette fouine qui l'accompagnait depuis ses débuts à la piraterie. Un animal voleur dont Gabrielle adorait se servir à ses dépends. Lafouine portait bien son nom, n'ayant que celui-là.

D'un pas pressé et énervé, Gabrielle rentra dans l'auberge et monta les escaliers pour se rendre dans la chambre du vieillard. Il discutait avec un homme que Gaby n'avait jamais vu. Elle n'eut aucun respect de leur conversation et brisa le silence.

"Je m'en vais."

Là, le vieillard arrêta ses dires. Légèrement, son regard roula vers elle. Il y eut un silence, puis il se mit à rire.

"Et pour aller où ?"
"Je vais aller au port, chercher de quoi me distraire. Je ne tiens à moisir ici et devenir un vieux tronc attendant tranquillement que l'on l'abbatte. Je me tire de cette taverne pourrie."
"Attend !"

Le vieillard l'avait arrêté dans son élancée de quitter la chambre. La pirate rebelle le regarda en coin et le vieillard pointa l'homme devant d'un geste bref.

"Un capitaine a accosté récemment à Port Royal.
Il est en prison...
Je ne sais pas exactement pourquoi et je veux pas savoir !
Mais il paraît qu'il est intéressant, qu'il cache quelque chose.
Enfin, "cacher" n'est pas vraiment le mot adéquat mais tu m'as compris."

Gabrielle se retourna complètement et vint face au vieillard.

"C'est bien joli ton histoire, mais j'fais QUOI ?"
"Va le voir. S'il sort, fais-toi engager. Si pas, arrange-toi pour le faire sortir. C'est pas ton genre de laisser de l'or et des combats au cachot."
"Comment ça ?"
"Tu m'as compris."
"Et si tu te trompes ? J'veux pas être engagé à bord d'un vaiseau complètement raté."
"Me suis-je déjà trompé Gaby ?..."

Le vieillard parlait calmement, comme un sage presque. A sa question, Gabrielle se tut. Elle se contenta juste d'ajouter.

"J'y vais, mais j'reviens pas. J'ai plus rien avoir avec vous."
"Fais comme tu veux, je ne suis pas ton père. Tu sais te débrouiller. "

Gabrielle tourna les talons sans regrets, comme si elle l'avait toujours fait et quitta l'auberge. Elle se mêla à la population, à la recherche de ce fameux "Maxwell". Elle se demandait qui pourrait la renseigner sur les prisons de la ville. Où elles se situaient, comme était la garde,... Après, elle mènerait son plan.

Une légende... Un bateau... Un pirate... Un capitaine...
Ainsi, la jeune pirate qui avait survécue à un assaut de la compagnie des Indes avait entendu dire qu'un certaine capitaine venait d'accoster Port Royal il y a peu et s'était fait mettre au fer. Une aubaine pour elle, si elle le libérait, d'avoir une place sur un nouveau navire. Ce dernier ne lui prometterait peut-être pas la richesse dont on pouvait l'imaginer mais, ce qui était certain, c'est qu'il y aurait des batailles, des conflits et du sang à en revendre. Et pour cause, le capitaine Maxwell s'était livré lui-même aux autorités de Port Royal afin de pouvoir venir s'entretenir avec la gouverneur Riddle, ce qui équivalait au suicide en réalité. En effet, tout le monde savait qu'elle était le nouveau fléau du mouvement anti-pirate qui était prête à tout pour saccager tous les navires de ces flibustiers et faire pendre un à un tous ces bandits écumant les mers des Caraïbes. Cela dit, Vaan savait tout cela mais il avait besoin de négocier une trêve avec cette lady pour retrouver Sparrow et Swann. Néanmoins, les pourparlers n'avaient pas tournés à son avantage et, de ce fait, il se permit toutefois une audace dont lui seul avait le secret. Il était sorti de sa cellule, abbattu ces deux gardiens et libéré tous les pirates qui s'étaient retrouvés en prison et qui n'avaient d'autre alternative que d'attendre leur rendez-vous avec la potence. Ainsi, la garde de la prison fut désorganisé et c'est en se payant de manière indirecte la tête du gouverneur que Maxwell s'échappe de l'endroit où il aurait pu rencontrer la mort.

Voila comment, alors qu'elle cherchait à se renseigner sur la prison de Port Royal, Gabrielle pu assister à un mouvement de vague de rage et de témérité qui vint s'abattre au coeur des rues et des maisons de la cîté portuaire. La vingtaine de pirates qui s'étaient retrouvés enfermés semblaient prendre leur revanche à coeur joie en saccageant les commerces, des pans de murs de plusieurs habitation, sans en oublier le croisement de fer avec les soldats de l'île qui s'était mobilisé pour maîtriser cette cohue. Quel souc, honnêtement. L'espace d'un instant, Port Royal se transformait en une succursale de Tortuga non pas envahie par des pirates mais bien par des soldats. Et vu que certains de ces bandits n'avaient pas spécialement de grande expérience au combat, mais un esprit tout de même débrouillard, le résultat pouvait parfois être comique à voir. On entendait beugler de rage dans un coin, des insultes être proférées dans l'autre, le tout saupoudré de cris de frayeur de la population locale qui n'était guère habituée à ce genre de manifestation.

Pourtant, au milieu de ce nouveau massacre, au milieu de ce théâtre à la fois pitorresque, un homme parmi tant d'autres se distingua fortement. Avant toutes choses, il était la seule personne à se battre avec deux lames, chacune étant tenue avec fermeté au creux de ses mains. Il portait une longue veste dont la matière semblait être faite de cuir et était de couleur gris sombre. Sur cette fameuse veste en question venait se poser sa chevelure bicolore, allant du blond au chatain. Lorsque son visage se laissait entrevoir, l'on avait l'impression d'être un paradoxe. Ce n'était qu'un jeune homme, qui devait avoir à peine la vingtaine d'années et qui, pourtant, se battait beaucoup que tous les autres pirates réunis en place publique pour cet affrontement imprévu. Il neutralisait presque les gardes à tour de bras, jouant de souplesse, de talent et d'expérience au combat. Oh oui, ce jeunot se débrouillait très bien, trop bien même pour n'être qu'un simple mousse ou autre matelot... Et pour cause, il ne s'agissait nul autre que du capitaine Maxwell Evans, celui dont avait entendu parler Gabrielle, celui qu'elle recherchait. Mais le reconnaitrait-il pour autant? Est ce que cet homme qui ne semblait en aucun cas être un capitaine pouvait réellement être le propriétaire d'un navire qui voguait déjà pratiquement dix ans sur les mers des Caraïbes ou cela n'était-il que pure coincidence? Ce qui était certain néanmoins, c'est qu'elle reçu la visite de ce charmant jeune homme bien plus vite qu'elle ne l'aurait prévu.

"Tiens, une pirate..."

Fit-il en se positionnant à tes côtés, venant enfoncer ses lames dans les deux flancs d'un soldat qui venait de charger sur lui.

"La dernière fois que j'en ai croisé une, c'était à Singapour..."

Il l'avait à peine regarder l'espace d'une seconde et avait pu l'identifier comme pirate. Cela voulait dire deux choses. De un, qu'il avait un très bon oeil et que, de deux, la jeune femme se détachait bel et bien de la population locale, que l'on qualifie de soit disant 'normal', par son attitude, son sang froid et son calme en ce genre de situation. Toutefois, il ne pu remarquer si ce genre de spectacle l'amusait ou non.

"A ce propos, moi c'est Vaan."

Déclara-t-il en venant alors se tourner son visage vers celui de Gabrielle. Son regard perçant, aux couleurs bleu nuit, vint se poser profondément dans le tiens alors qu'il laissa transparaître un léger sourire. Toutefois, l'on pouvait remarquer que ce sourire en question n'exprimait rien de bien particulier. Cela semblait plus une habitude, une sorte de tique. Mais, pour en revenir à la cohue générale, alors qu'il se présenta, huit gardes se préparèrent à encercler notre binôme pour venir leur infliger la correction que tout pirate méritait. Visiblement, ce soit disant Vaan était l'homme à l'abbattre en ce jour ensoleillé à Port Royal.

Alors qu'elle se mit à déhambuller dans les rues de cete ville dont elle ne connaissait que le nom via des langues pendues de la taverne, quelque chose chamboula le petit quotidien de cet endroit paraissant trop paisible au regard de Gabrielle. Aussi, ce fut comme une bataille entre deux navires qui se déclencha d'un coup, ameutant autant les soldats que des pirates vu leur accoutrument. Les épées se frappèrent les unes contre les autres, le sang giclait accompagné de cris étouffés. Les yeux de Gaby roulaient d'une situation à une autre. Comment resister à un tel appel de combat... Même si ce n'était pas le sien, elle se devait de sortir l'arme pour pourfendre quelques corps. Que pensait-elle ??? Plusieurs corps ! Autant qu'elle le pourrait ! Telle était sa devise à chaque bataille, en mer comme en terre. Une situation bien curieuse pour une femme, mais largement moins pour une pirate déterminée. Cependant c'était le tempérament de cette jeune femme. Depuis longtemps déjà. Depuis sa rébellion. Depuis son premier départ en mer. Depuis son entourage entouré de pirates.

C'est alors qu'un homme vint vers elle tandis que ses yeux brillaient d'admiration sur les combats qui s'estompaient, à son grand regret. A peine s'était-il présenté que la lame de Gabrielle vint se loger avec grâce et dextérité sous le cou du jeune homme. Puis ce fut son regard de vipère qui croisa le sien. Des yeux plissés, comme ceux cherchant à pénétrer n'importe quel esprit par le simple face à face. Il se présentait ainsi, à elle, sans raison particulière, se croyant bien accueillit par cette jeune demoiselle. Mais là était son tort. Gabrielle portait méfiance à tout et n'importe quoi, et à tout moment sans restriction. Surtout devant des cas étranges, tel celui qui se présentait à elle à ce moment là.

"Tu comptais t'adresser à quelqu'un d'autre en particulier ?"

Elle le tutoyait, pour la seule et l'unique raison qu'elle le voyait énormément plus jeune qu'elle et sur ce, ne lui portait aucun respect de vouvoiement. Même avec son allure et ses vêtements qui feraient de lui un capitaine sur son navire, son visage paraissait trop angélique et innocent pour confirmer ses dires. Mais bien que cet individu venait l'interpeller d'une manière non à son goût, quelque chose de plus attrayant vint attirer son attention. Aussi, quand ils furent tout deux encercler par un nombre avancé de soldats, c'est un sourire narquois et amuseur qui vint percer les lèvres de cette pirate rebelle. Sa lame jouant dans l'air, l'autre bras de mise en garde, elle leur faisait face sans crainte. Bien au contraire, à la voir, on aurait dit qu'elle prenait cela pour un jeu. Pourtant, elle sentait une insatifaction en son être. Si ses soldats se tenaient là, ce n'était certainement pas pour elle. Aussi fit-elle quelques pas pour se retrouver dos à dos avec le jeune homme sans grandes manières. S'il les avaient attiré ici, autant de soldats d'un coup, déclarant une bataille générale, il y avait de quoi voir de l'importance et une pointe d'attention à son égard.

"Tes invités sont charmants...
J'espère qu'ils sont aussi courtois qu'il se doit."

Ses paroles s'adressaient à ce jeune homme tandis que les soldats se préparaient à les attaquer. Sans un brin d'intelligence dans la cervelle, ils se mirent à charger par salve, de quoi pleurer de honte sur leur compétence d'offensive. Enchaînant les pas et les parades, Gabrielle s'élança pour en accueillir trois, un par un malheureusement. Néanmoins, c'était une joie de faire venir glisser sa lame sur une gorge fraîche ou en travers un costume cachant un corps remplie de sang juteux à faire gicler. Pour le reste, ce jeune homme s'en occuper sans trop de peine. C'est alors que Gabrielle recommença son manège, tendant la lame de son épée face à cet individu étrange.

"Vaan, c'est cela ?
C'est toi le responsable de tout ce remu-ménage ?
Je devrais te remercier chaleureusement..."

Aussitôt sa lame revint faire des pirouettes derrière elle, faisant tomber une nouvelle arrivée de soldats. Son regard se posa au loin quand elle vit le vieillard se mettre de la partie également, passant à travers une fenêtre de la taverne mais reprenant vite pieds comme il le lui avait appris. La bagarre se poursuivait, faisant vivre à Gabrielle un moment comme elle les aimait. Mais le temps n'était pas aux rêves et à l'endormissement. Les croissements d'épées devaient continuer jusqu'à sa satisfaction totale. D'ailleurs, dans son élancée, elle vint malencontreusement frapper dans l'une des armes du jeune homme, plongeant de nouveau ses yeux noisettes dans les siens.

"Tu te bats bien pour un gamin...
Je m'attendais plutôt à te voir crever ou attrapper par l'un de ses pingouins ambulants."

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